Lettre ouverte : "Aux ténors du PS tentés par le fréchisme"
Françoise Akoum m'adresse cette lettre ouverte que les membres de la liste PS du Gard ont posté sur internet (http://www.rue89.com/regions-en-campagne/2010/02/22/lettre-ouverte-au-dirigeants-du-ps-tentes-par-le-frechisme-139773)
" Chers François (Rebsamen), Gérard (Collomb) et quelques autres,
Nous sommes languedociens, socialistes et candidats de votre parti, de notre parti, dans une région dont on parle beaucoup dans les médias.
Cher François, sais-tu que nous sommes en campagne pour défendre nos valeurs communes ? Nous nous interrogeons depuis que tu as annoncé ta venue pour soutenir Georges Frêche. Comme tu es loin de chez nous, nous avions envie de te rafraîchir un peu la mémoire.
Nous sommes attachés à un parti qui met ses idéaux en pratique à travers ses élus, acteurs de la vie locale, mais aussi symboles du respect dû à tous et à chacun. Georges Frêche se situe aujourd'hui à l'exact opposé de nos valeurs : dans ses propos, dans ses comportements et dans l'exercice du pouvoir.
Franc-parler ou clientélisme ?
Nous sommes scandalisés quand nous entendons ce président de région, se réclamant du socialisme, qualifier de « sous-hommes » deux harkis, fussent-ils ses opposants.
Nous sommes effarés d'entendre, au cours de la même altercation, cette phrase, symbolique d'un système devenu sa marque de fabrique : « Je vous ai donné votre boulot de pompier, gardez-le et fermez votre gueule. » Cher François, comment appelles-tu cela ? Du « franc-parler » ou du clientélisme ? Et qu'en pensent tes administrés ?
Nous pensons que le fait de représenter la France n'a strictement rien à voir avec la couleur de peau. Alors nous tombons des nues quand ce président souligne « le manque de blancs » dans une équipe de foot. François, Gérard, avez-vous déjà compté le nombre de joueurs de couleur dans vos équipes sportives de Bourgogne ou de Rhône-Alpes ?
Nous sommes honteux lorsque ce même président de région déclare qu'il aurait dû se présenter à Toulouse parce qu'étudiant, il a « baisé 40 % des Toulousaines ». Et nous sommes stupéfaits de voir ses défenseurs rigoler à cette « bonne blague », fustigeant le langage « politiquement correct ». Cher Gérard, qui te dit prêt à venir soutenir Frêche avec femme et enfants, aurais-tu l'amabilité de demander à ton épouse ce qu'elle en pense ?
Une campagne auprès des cons ?
Nous sommes offusqués qu'un représentant de notre région traite son ancienne collaboratrice de « conne », ou lance à un autre : « Je vais te couper les couilles et tu ne t'en rendras même pas compte ». Cher François, cher Gérard, est-ce l'exemple que vous souhaitez donner en tant qu'élus du peuple ? Ou pensez-vous qu'il s'agit d'un particularisme local ?
Nous sommes abasourdis quand nous entendons Mr Frêche apporter son soutien à Brice Hortefeux après sa célèbre sortie sur les… Auvergnats, ou voler au secours de Jean-Paul Fournier, maire UMP de Nîmes, après sa condamnation pour prise illégale d'intérêts (de laquelle il a fait appel). François, Gérard, soutenez-vous de façon aussi appuyée vos adversaires de droite ? Et diriez-vous, comme Mr Frêche, que vous ressemblez comme deux gouttes d'eau à Nicolas Sarkozy ?
Nous sommes mortifiés quand nous entendons le professeur Frêche expliquer à des étudiants qu'il « fait campagne auprès des cons - parce qu'il n'y a que 5 à 6 % de gens intelligents - et que là, il ramasse des voix en masse »… Cher François, cher Gérard, vous demandez-vous quel est le pourcentage de Dijonnais et de Lyonnais intelligents ?
George Frêche n'est pas « haut en couleurs » mais populiste
Nous avons été choqués en entendant le énième dérapage. Bien sûr, comme le répètent à l'envi Georges Frêche et ses fidèles, l'expression « pas très catholique » est usuelle dans la langue française. Mais qu'en est-il de « tronche » pas très catholique ?
Ce rappel des faits vous conforte-t-il dans votre envie de venir soutenir M. Frêche ?
Non, M. Frêche n'est pas un personnage « haut en couleurs » qui « parle vrai ». C'est un populiste, qui se pose en victime du « parisianisme » et des « bien-pensants ».
Non, ses propos outranciers ne sont pas de « petites phrases sorties de leur contexte ». Ils sont inacceptables de la part d'un responsable politique, quel que soit le contexte.
Tout est permis, pourvu qu'on garde le pouvoir ?
Depuis quelques jours, nous respirons. Martine Aubry et le bureau national, que nous remercions, nous ont demandé d'affronter celui qui est devenu un despote, méprisant et humiliant ses opposants ainsi que les collaborateurs qui lui résistent, régnant sans partage grâce à un système verrouillé par des obligés.
Certes, nous déplorons que cette décision soit intervenue si tardivement. Mais nous avons relevé les manches et nous sommes lancés dans ce défi : garder la région à gauche, sans Georges Frêche.
François, Gérard, vous reprenez ces deux arguments : « il a un bon bilan » et « il est le seul à pouvoir battre la droite ». Ainsi donc, il serait l'homme providentiel dans cette région ? Ainsi donc, il faudrait reconduire à vie un élu, sous prétexte qu'il a accompli de bonnes choses ? Peu importent ses dérives injustifiables ? Tout est permis, pourvu que l'on conserve le pouvoir ?
La rénovation en enjeu
François, Gérard, où sont vos désirs de rénovation au sein du parti socialiste ?
Assez d'intox ! Cette région ne sera pas regagnée par la droite. Et il y a ici, comme partout en France, des hommes et des femmes de talent, capables de conjuguer efficacité et respect de l'autre. De plus, il semble que vous ayez oublié un enjeu non négligeable de cette élection.
TOUS nos partenaires de gauche, sans exception, ont averti qu'en aucun cas ils ne feraient alliance avec les listes Frêche au second tour. Comment, dans ces conditions, organiser le rassemblement de la gauche, l'une des bases de notre action ?
Ce qui se joue ici, c'est la rénovation en profondeur d'un parti localement sclérosé par des pratiques d'un autre temps, fonctionnant sur un système de baronnie et de clans.
Alors cher François, cher Gérard, et autres responsables socialistes tentés de faire machine arrière, rappelez-vous que des socialistes mènent une rude bataille en Languedoc-Roussillon pour représenter avec honneur notre parti. Votre parti.
Partisans des motions Royal, Aubry, Delanoë, Hamon, nous sommes réunis aujourd'hui dans cette région pour défendre nos valeurs et une autre conception de la politique. Quoi qu'il arrive, nous aurons gagné. Avec ou sans vous, selon le choix que vous ferez.
Les colistiers d'Hélène Mandroux dans le département du Gard (liste du Parti socialiste) "