Tribune libre : Les Socialistes, les Primaires et les Municipales
Tribune libre de Fabien Nicolas :
"En préalable à son interview de Jacques Domergue, Président du groupe municipal « peau de chagrin » UMP de la Ville de Montpellier, Gérard Marty annonce ce matin sur Radio-France Bleue la tenue des Primaires socialistes à Montpellier.
Info ou intox ?
Cette annonce contredit les propos d’Harlem Désir sur l’organisation de Primaires pour les Municipales, pourtant largement relayés par la presse, qui donne un cadre strict et précis : oui dans les villes de plus de 100 000 habitants où le PS n’est pas sortant ou où le sortant PS ne se représente pas.
La possibilité d’organiser des Primaires à Montpellier est une hypothèse formulée par la fondation Terra Nova, dans son rapport Des Primaires de conquête, pour les municipales 2014 (téléchargeable sur le site) qui défend l’idée de primaires sous conditions (utilisation de la liste électorale, pas de sortant, seuil de population, etc ...). Le cas de Montpellier est nommément abordé : « villes gouvernés par la droite, mais également Paris, éventuellement Montpellier, pour celle où le sortant socialiste ne se représente pas (ou ne se représenterait pas) ».
Une allusion sur un rapport de 50 pages deviendrait-elle une information ? La Direction nationale du PS, en charge des villes de plus de 20 000 habitants, n’a pour l’instant ni infirmé, ni confirmé (déclaration d’Alain Fontanel, Conseiller politique d’Harlem Désir et ex-tuteur de la Fédération de l’Hérault ce matin dans Midi Libre).
Les responsables tant locaux que nationaux de Terra Nova n’ont pas été plus explicites.
Le promoteur des Primaires à Montpellier, le député Patrick Vignal, après avoir réuni plus de 6 000 signatures semble s’être résigné devant les « pressions solfériennes » et va proposer sans doute de nouvelles pistes pour mener à bien son combat contre l’abstentionniste (50 % de participation à Montpellier pour les Municipales de 2008).
La place du Parti dans les primaires ?
Organiser des primaires, c’est déroger à la règle statutaire : Article 5.2.7 : la désignation du candidat premier des socialistes sur la liste des municipales se fait au scrutin direct de l’ensemble des adhérents du groupe communal / les dispositions sur le corps électoral se trouvent à l’article 5.1.3 du Règlement intérieur.
Si le livre de Rémi Lefebvre, les Primaires socialistes, la fin du parti militant, paru en 2011, n’a pas engendré le débat qu’il souhaite sur la place du Parti, il n’est pas sûr que celui-ci ne ressurgisse pas pour la désignation municipale tant le choix du candidat pour cette élection est un moment fort de la vie des sections. Faut-il confisquer au seul militant, le choix de la tête de liste ?
Au-delà de ses aspects, du rôle du Parti dans la sélection des candidats, la situation de l’Hérault interroge à un an des échéances municipales. En effet, le département ne peut-être réduit à Montpellier, la plupart des villes de plus de 10 000 habitants sont dirigées par la droite et certaines depuis longtemps (Castelnau, Béziers, Agde, Lunel, Sète). Elles n’ont pas pu être « reprises » en 2008 en dépit des conditions favorables de cette élection intermédiaire pour le PS. Les principales causes des échecs de nos candidats étaient identifiées, la division, les divisions tant avec les partenaires de gauche qu’entre les socialistes ou les partenaires.
Pour éviter une répétition de 2008, le remède semble trouvé par Alain Fontanel « comme pour la primaire présidentielle, l’objectif est de créer une dynamique populaire autour du futur candidat en rassemblant la gauche autour de lui ».
Tout le problème est dans le rassemblement des forces de gauche qui n’a pas eu lieu lors des Primaires présidentielles qui ont sans doute même permis une réelle polarisation des candidatures, celui des socialistes (F Hollande) portés par environ 3 millions de citoyens et celui de la gauche contestataire et tribunicienne (J-L Mélanchon) portés par la mobilisation sociale construite par les organisations.
L’enjeu politique des Primaires est simple : réconcilier ces deux gauches pour créer une dynamique « unitaire » et retrouver l’électorat abstentionniste nécessaire pour conquérir les citadelles UMP qui reçoivent le soutien latent du FN, parti plus national que local."