Frêche est mort.... Vive ????
Le monde politique local n'est toujours pas sorti d'une certaine vision du pouvoir. C'est peut dire que Frêche a marqué les esprits en construisant sa domination politique, ces vingt dernières années, sur la fédération socialiste et le montpelliérain. Le fait qu'une partie des acteurs (soutiens ou opposants par ailleurs) aient connu politiquement durant leur carrière politique ce système explique qu'il est pour eux Le Modèle. Ceci étant, ce modèle est-il reproductible ?
Avant de répondre à cette question, interrogeons d'abord ce modèle. Avant d'examiner le Frêche des dernières années, regardons le Frêche des premières années. En effet, la domination de Frêche dans l'Hérault, c'est moins de la moitié de sa carrière politique. Avant d'arriver là où il en était arrivé, il a quand même connu plus de 20 ans de vaches maigres. En 1979, il décide de se compter sur son nom au congrès de Metz. Il fait moins de 5% dans le département. Dans les années 1980, la fédération est dominée par les Mitterrandiens conduits par Saumade. Et ce n'est qu'en 1998 qu'il peut prendre pied au conseil général avec la présidence d'André Vézinhet. Bref, pour comprendre le système fréchiste, on doit mesurer que derrière, il y a eu 40 ans de construction d'un patrimoine politique pour en arriver là.
Est-ce qu'aujourd'hui, quelqu'un est en capacité de prendre la place de Frêche ? Vu les acteurs et les ressources en présence, je ne pense pas qu'un de nos élus soit en capacité d'incarner ce modèle. Tout simplement parce qu'aucun n'a la capacité d'imposer son leadership à tous les autres. Le système que nous avons connu ces dernières années nécessitait un leadership fort. Ce dernier n'existe pas à l'heure actuelle. Même sur Montpellier - le territoire stratégique s'il en est - la question est très loin d'être tranchée. Dans les sections, les anciens fréchistes restent majoritaires. Ceci étant dit, l'unité est en train d'imploser parce qu'à défaut d'une domination qui s'impose à tous, chacun à tendance désormais à jouer sa carte et bienheureux celui qui est capable de nous donner le nom du futur maire de Montpellier. D'ailleurs, que veut dire l'adjectif fréchiste sans Frêche ? Ce qui est vrai à Montpellier est vrai ailleurs. La succession à Vézinhet sera tout aussi compliquée...
Tout cela pour dire que quelque soient les vainqueurs à terme de ces querelles de succession, le système de pouvoir va changer. Celui qui l'emportera, vraisemblablement, ne sera pas celui qui s'imposera mais celui qui construira un nouveau système de pouvoir plus collégial et ancré dans un certain consensus politique. Faisons notre deuil de l'Homme fort, pour ceux qui ne l'ont pas encore fait. Et à ce jour, toutes les alliances sont pensables, ce qui rend difficile toute prédiction... En soit, cette évolution n'est pas une mauvaise chose pour le parti. On ne peut qu'espérer qu'après des décennies de guerres, on en arrive à des périodes beaucoup plus pacifiques avec une fédération qui fasse le travail qu'on attend d'elle !