Eric Andrieu, l’homme à abattre !
Encore aujourd’hui dans Midi Libre, Eric Andrieu est lâché aux fauves. C’est son concurrent, Alain Bertrand qui s’y colle avant une élégance que l’on ne lui connaissait pas. Andrieu est donc « manipulé », il « sert la soupe à l’UMP », il est « aigri ». N’en jetez plus, la coupe les pleine. Alors, pourquoi tant de haine alors qu’Andrieu n’est toujours pas officiellement candidat ? Les tripoux passaient mal ?
Je l’ai déjà écrit dans un post précédant, Andrieu a foutu en l’air la tactique des autres fédéraux qui voulaient faire passer la pilule au national concernant Frêche en affichant leur unité. À priori, c’est raté. (De toute façon, si Andrieu n’avait pas été candidat, un autre l’aurait été). Ceci étant, on pourrait dire à quelques-uns la faute à qui cette candidature ? Si le PS de l’Hérault avait un peu mouillé la chemise pendant les Européennes, Andrieu était élu et n’aurait plus été un problème. Par ailleurs, qui a tout fait à la région pour brider le vice-président en charge des territoires ? Mystère !
C’est vrai qu’Andrieu est quelque part atypique… et donc inquiétant. Moins clientéliste dans ses pratiques que nombre d’élus régionaux, ancien animateur de développement local, membre de l’ADELS, il incarne une autre façon de faire de la politique. C’est peut-être ce qui dérange. Ce qui est plus gênant cependant, c’est que l’initiative vienne de l’Aude, c’est-à-dire la 2e fédération de la région, un département qui se caractérise par une forte implantation militante (la 1er de France en militants par habitants) et une réelle dynamique en faveur de la gauche après la conquête de Narbonne en 2008 alors que le PS est à deux doigts de gagner Carcassonne…
Ceci étant dit, ce qui est le plus inquiétant pour ses opposants, c’est la capacité d’Andrieu à capitaliser différents courants hostiles ou réservés par rapport à Frêche au PS, phénomène que des candidatures héraultaises n’auraient pas été en mesure de produire. Certes, rien de tel n’existe encore aujourd’hui et beaucoup d’acteurs n’ont pas encore arrêté de stratégies définitives pour le vote du 1er octobre. C’est bien pour cela que parler de « complot » est à ce jour prématuré. Pour autant, non impliqué dans les rivalités héraultaises ou catalanes (je ne parle pas des affaires gardoises, cette fédération étant particulièrement compliquée), il peut, potentiellement regrouper différentes tendances autour de lui, de la mairie de Montpellier au conseil général de l’Hérault, des hauts cantons fabusiens aux aubrystes tendance Montebourg, voire rallier des anti-bourquinistes (en tout cas les survivants) voire ceux qui souhaiteraient voir un PS remuer dans le Gard. C’est principalement pour cela que l’éventualité d’une candidature Andrieu inquiète. Un rapport de forces avec le national nécessite un score élevé pour Frêche (pardon, Bertrand), c’est-à-dire plus de 80 %. Or, l’Aude, c’est plus de 20% des cartes de la région et une partie de l’Hérault n’est pas prête à soutenir Frêche. Le président de région, à mon avis, a fait une erreur tactique, c’est de ne pas choisir Andrieu comme poulain, ce qui lui aurait permis d’obtenir ce plébiscite. La candidature Bertrand ayant été affichée, il est aujourd’hui difficile de reculer. Donc, on choisit l’attaque. C’est en fait une erreur profonde de la part de Frêche et Navarro. Pourquoi ? Parce qu’en s’en prenant violemment à Andrieu, on le victimise et on en fait « le leader naturel » des opposants à Frêche, accroissant de ce fait son éventuel potentiel politique. En effet, il ne faut pas oublier que certains aujourd’hui penchent plutôt pour le vote blanc, oubliant d’ailleurs que si Andrieu est investi 1er des socialistes et que le bureau national rejette la candidature Frêche, Andrieu peut réussir le coup de Jarnac et conduire la liste… Dernier élément à prendre en compte, c’est l’image que l’on est en train de donner. Si on se tape comme des sourds dessus en affichant une volonté hégémonique, quelle image va-t-on donner à nos éventuels alliés politiques ???