Colloque sur le FLN : sainte alliance UMP / FN !
Pour une histoire, ce fut une histoire. Depuis plus de 15 jours, associations de rapatriés, le ban et l'arrière-ban de la droite et du FN gardois sont montés au créneau pour dénoncer la tenue d'un colloque organisé à Nîmes sur l'implantation du FLN dans le Gard pendant la guerre d'Algérie. Sur le web, on en a attendu des bonnes.... un colloque organisé par le FLN, une légitimation du FLN, etc.. Et Midi Libre a largement relayé cette mobilisation qui a donné lieu à un contre-colloque organisé par cet éminent historien qu'est Gilbert Collard prêt à brandir une enveloppe pour donner le noms des cadres du FLN en métropôle (sic). Il est vrai que ce brave homme est candidat aux législatives dans le Gard après plusieurs tentatives électorales avortées.Cela peut expliquer cet attrait soudain pour la cause rapatriée.
Du grand n'importe quoi,mais aussi une situation inquiétante. Concrètement, c'est quoi ce colloque ? C'est un colloque entre historiens pour faire la lumière sur l'implantation du FLN en métropole, notamment dans le Gard, pendant la guerre d'Algérie. En effet, dès cette époque, l'industrie nationale faisait appel à la main d'oeuvre maghrébine pour travaillait dans les industries métropolitaines. Le FLN y trouva des soutiens - parfois par la violence - pour financer son mouvement et constituer une base arrière. C'est une réalité historique, et d'ailleurs, les archives montrent le travail de l'Etat pour démanteler ces réseaux. Cette histoire n'est pas forcément à la gloire du FLN. La preuve, les meurtres du FLN en métropole touchent quasi-exclusivement les algériens refusant le contrôle du FLN. Cette histoire reste en partie méconnue. C'est à ce titre que ce colloque a été organisé.
À ce titre, figurent sur le programme des historiens reconnus mais aussi, parce que c'est de l'histoire contemporaine, des témoignages d'anciens du FLN. Il n'en fallait pas plus pour que les associations de rapatriés les plus exaltées montent au créneau pour dénoncer cet évènement. Au nom de quoi ? D'une histoire de la guerre d'Algérie dont ces associations se voudraient les seuls légataires. Bien évidemment, le FN (à ne pas confondre avec le FLN....) est monté au créneau, en pleine campagne électorale cela ne peut pas lui faire de mal. La droite locale a suivi à grand pas pour ne pas se faire déborder.
Tout cela est bien pathétique. Mais c'est aussi plus que dangereux. Est-ce à quelques exaltés de définir ce que fut l'histoire de l'Algérie Française ? La question mérite d'être posée quand on parle d'une guerre civile dont personne n'est sorti blanc, ni le FLN, ni les ultras de l'OAS ni l'Etat français. Pour autant, dans les PO, on constate déjà un soutien public à un musée plus que polémique animé par le cercle algérianiste et une stratégie de réhabilitation des anciens de l'OAS. Que le FN saute à pieds joints sur l'occasion, on peut comprendre, une partie de ces cadres ou de leurs familles sont les héritiers de cette histoire. Pour l'UMP, c'est plus étonnant. N'est ce pas le pouvoir gaulliste qui a organisé l'élimination physique des cadres de l'OAS (les barbouzes) alors de de Gaulle n'a absolument pas anticipé... et compris... le rapatriement massif des pieds noirs après 1962 et explicitement organisé le non rapatriement des harkis, ce qui a abouti à leur extermination ?
Il devient urgent de se positionner contre cette politique de réécriture de l'histoire, entre stratégies de réhabilitation de l'OAS, et une vision plus que romancée de l'histoire de l'Algérie Française par ces associations et acteurs politiques. Le chemin va être long mais il serait temps, même à gauche, qu'on se positionne un peu plus clairement sur la question pour poser les bases de construction d'une histoire de l'Algérie française et de la guerre d'Algérie sur des bases scientifiques.... sauf à cautionner politiquement une réécriture de l'histoire qui aura beaucoup de mal à expliquer pourquoi, si l'Algérie c'était si sympa à vivre, il y a eu la guerre d'Algérie....