Rénovons le PS en Languedoc

Pierre Antonini nous a quitté

Une figure du militantisme enseignant et de la 2e gauche nous a quitté. Pierre Antonini a été de tous les combats de la gauche depuis l'après guerre. Voici la copie de sa notice biographique parue dans le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (tome 1) :

Pierre Antonini est né le 30 Janvier 1921 à Paris, ville où son père est alors en poste. Il est issu d’un milieu plutôt aisé. Son père est un haut fonctionnaire des finances, d’origine corse, qui viendra finir sa carrière à Montpellier comme directeur régional des impôts. Bachelier, Pierre Antonini opte pour la faculté de lettres de Montpellier où il décrochera une licence puis un DES de lettres classiques. À la libération, cherchant un travail, il devient délégué rectoral. Devenu titulaire après sa réussite au CAEC, il quitte pendant deux ans la ville pour Lodève puis Sète. Revenu à Montpellier, il restera professeur de lettres au lycée Joffre jusqu’à sa retraite.

Issu d’un milieu de gauche (son père est sympathisant SFIO), il s’engage politiquement très jeune. Dès la libération, il adhère à la SFIO, mais n’y restera que 6 mois. Insatisfait de l’ambiance, il opte alors, avec plusieurs amis enseignants (dont Louis Trégaro) pour la “petite gauche”, alternative au PC et à la SFIO. Membre de l’Union Progressiste, il adhère ensuite à la Nouvelle Gauche, mouvement qu’il juge alors intellectuellement plus satisfaisant. Dans la logique du regroupement de cette “petite gauche”, il se retrouve à l’UGS, parti au nom duquel il se présente aux élections municipales de 1959. Si au deuxième tour, l’UGS intègre l’alliance SFIO-PC-Gauche indépendante, elle n’en est pas moins nettement battue par la liste du maire sortant, le divers droite François Delmas. Deux ans plus tard, il participe à la fondation du PSU. Mais entre temps, il est devenu l’un des principaux responsables du syndicalisme enseignant départemental et académique.

 Parallèlement à son engagement politique, en effet, Pierre Antonini gravit progressivement les principaux échelons de la hiérarchie syndicale de l’enseignement. Membre de la CGT, il opte pour la double affiliation au moment de la scission. Il est alors membre du SNES-FEN et de la CGT-FEN. Au titre de cette dernière appartenance, il est d’ailleurs un temps membre de l’Union locale CGT. Jusqu’en 1954, il est ainsi secrétaire de la FEN-CGT, fonction qu’il abandonne quand il devient responsable du SNES. Principal responsable de la tendance Bouches-du-Rhône (future Unité Action), il est, au début des années 1950, minoritaire face aux autonomes. Sa notoriété syndicale va d’abord bénéficier de son élection à la CA nationale du SNES en 1955, mandat qu’il détiendra jusqu’en 2001, puis de son poste de commissaire paritaire national. Dans une tendance alors presque exclusivement dirigée par les communistes, l’investiture de Pierre Antonini s’inscrit, au-delà de la reconnaissance de son travail syndical, dans une stratégie d’ouverture et de mise en valeur de responsables non membres du parti. En 1957, suite à une série de grèves qui déstabilisent les dirigeants locaux autonomes et engendrent une baisse des effectifs, il se voit confier, bien que minoritaire, le secrétariat académique du SNES, charge qu’il assurera jusqu’à sa retraite. Deux ans plus tard, sa tendance devient majoritaire et le restera jusqu’à la scission de la FEN. Bénéficiant de l’essor des effectifs enseignants du secondaire et travaillant activement à la structuration du syndicat, il assure la croissance de ce dernier dont le poids devient plus important au sein de la FEN, alors tenue par l’Ecole Emancipée. En 1964, il conquiert le secrétariat départemental de la FEN face à Jacques Faucher, instituteur membre de la tendance Ecole Emancipée. Mettant en accusation l’attitude de ce dernier suite à l’assassinat de JF Kennedy, il obtient le soutien des autonomes qui laissent Antonini assurer la direction de la FEN. Néanmoins, Michel Belorgeot, professeur de technologie proche du PS, qui relance la tendance autonome au sein du SNES, le bat en février 1968 avec le soutien de l’Ecole Emancipée, qui, pour la première fois, vote pour les autonomes. Pour autant, en avril 1969, Belorgeot voit son rapport moral repoussé et doit laisser la place à Jacques Faucher. Ce dernier démissionnaire est de nouveau battu par Pierre Antonini grâce à l’abstention des autonomes. En Janvier 1972, Il est néanmoins battu par Marcel Vial, instituteur autonome, l’Ecole Emancipée laissant les autonomes, devenus la première tendance du département, à la direction de la FEN. Malgré ce, dès 1974, la perte du SNI par l’Ecole Emancipée va entraîner le rejet par cette dernière de la direction qui va revenir en 1975 à Pierre Antonini. ce dernier garde cette fonction à peine un an, puisqu’il juge souhaitable, après son élection comme conseiller général de démissionner de son mandat syndical.

Au cours des années 1960, Pierre Antonini est aussi un militant politique de premier plan. Dirigeant du PSU, il assume le poste de secrétaire fédéral adjoint de sa création à 1968. Il est par ailleurs membre du comité de rédaction de Tribune du Socialisme, le journal fédéral. Enfin, il est plusieurs fois sollicité pour représenter son parti aux élections locales. Il est ainsi candidat en 1970 sur le canton de Montpellier II. Surtout, il est candidat aux élections législatives  de 1968 sur la 1ere circonscription  de l’Hérault mais il est nettement distancé par le candidat de la FGDS. Progressivement, néanmoins, ses positions au sein du parti vont être battues en brèche par l’aile « gauchiste » du PSU, tendance qui devient majoritaire dans ce département. En 1971, certains militants PSU le somment de choisir, pour cause de politiques scolaires incompatibles, entre ses engagements militant et syndical. Il choisit alors de quitter le PSU. En 1973, il adhère au PS, à la grande surprise des militants membres de l’UID qui n’ont eut de cesse de le combattre au sein de la FEN, mais aussi de supputer son crypto-communisme (Pierre Antonini était aussi membre du Mouvement de la Paix et a été un actif militant anti-CED et de l’autodétermination algérienne). Malgré ce, avec le soutien du député et futur maire Georges Frèche, il se voit investi candidat aux cantonales de 1976 sur le deuxième canton de la ville face au CERES Louis Calmels. Il gagne le canton face docteur Pourquier, RPR, qu’il ne devance que de 20 voix. L’année suivante, il devient conseiller municipal de Montpellier suite à la victoire de la liste d’Union de la Gauche et assume le poste de secrétaire adjoint de la deuxième section de Montpellier. Membre du bureau fédéral, il opte, en 1979, pour le courant Mauroy. Le co-secrétaire de la fédération, Gérard Delfau, Unité action lui aussi, le propulse secrétaire fédéral à l’éducation, poste qu’il occupe encore, ayant entre-temps occupé celui de la formation. Vice-président du conseil général, il est en outre chargé par Gérard Saumade, un temps sympathisant du PSU, du dossier de la construction du nouvel hôtel du département. Son ascension politique va être néanmoins stoppée au début des années 1980. En 1982, il est battu aux cantonales. L’année suivante, il perd sa place sur la liste du maire sortant. On peut voir là la trace du conflit entre Georges Frêche et Jean-Pierre Vignau, son premier adjoint, conflit où Pierre Antonini, tout en restant fidèle au maire, lui exprimera publiquement des critiques sur ses modes de gestion. S’étant rapproché des mitterrandistes dans les années 1980, il initie, avec Roger Arnardi, ancien secrétaire de la FEN, le courant Jospin dans le département, avant que Georges Frêche en récupère la direction. Toujours membre du PS, il est actuellement encore membre du bureau fédéral.

Au-delà de ses engagements politiques et syndicaux, Pierre Antonini, qui se définit comme athée, a joué un rôle important au sein des organisations laïques, notamment au sein de la ligue des droits de l’homme. Il est ainsi membre de la commission administrative de la section locale depuis 1954, vice-président dès 1962 et succède quelques années plus tard à Ludger Pinet, président sortant. Toujours président, il a aussi animé la fédération départementale de l’organisation. Parallèlement, il a relancé avec Louis Trégaro et Ernest Khan l’Union Rationaliste, organisation qui faute d’adhérents perdra sa structure locale dans les années 1980. La laïcité l’a aussi conduit, dès 1980, à devenir DDEN. Vice-président de l’organisation, il se voit refuser, en 1998, la présidence suite à une coalition menée par l’Ecole émancipée.

 Enfin, Pierre Antonini ne cantonne pas son militantisme au seul milieu enseignant et laïque. Il est ainsi membre de l’association de sauvegarde du quartier de l’Aiguelongue, mais aussi de l’amicale corse de Montpellier et de la Société de protection des animaux



24/09/2008
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