Mandroux franchit le Rubicon : les vraies raisons d’un repositionnement
Midi Libre l’écrit aujourd’hui dans son édition de ce jour, Mandroux a choisi son camp dans la compétition Andrieu / Bertrand et affiche désormais son soutien plein et entier depuis Jeudi, lors du dernier meeting de campagne de Pérez à Narbonne. Pourquoi décide-t-elle de tuer le père et de franchir le Rubicon ? Bien sûr, il y a les enjeux montpelliéro-montpelliérains et la présidence de l’agglo, mais ce n’est pas cela qui, in fine, la pousse à sortir du bois maintenant et à couper le cordon avec Frêche. Les vraies raisons sont à la fois régionales et surtout nationales. Pour ce qui est de la région, la candidature Bertrand fait quand même tousser. Les attaques en piqué de Bertrand et Navarro ont soudé les Audois derrière la candidature Andrieu. On ne touche pas impunément à un audois ! Dans le Gard, cela rue dans les brancards, il n’est même pas évident que la fédération gardoise accorde son soutien à Bertrand, de peur d’être désavouée par une majorité de militants. C’est dire que cela bouge dans la région, … dans l’attente du positionnement de nouveaux acteurs, dans le Gard, l’Hérault et les PO. Il n’en reste pas moins que l’épicentre du séisme est à Paris. Ce que les soutiens de Frêche ont soigneusement choisi de garder sous silence, c’est le résultat de la réunion avec Martine Aubry. Or, c’est en fonction des échos de cette réunion que Mandroux est sortie du bois, estimant être désormais en position de force… Que s’y est-il donc passé ? La rencontre des quatre 1er fédéraux et des présidents de conseils généraux de la région qui avaient été eux aussi invités par Martine Aubry a tourné à la Bérézina pour les partisans de Georges Frêche. Martine a très vite sifflé la fin de la partie : Frêche ne sera pas candidat sur la liste socialiste aux élections régionales. Certes, c’est le bureau national qui doit trancher, mais il apparaît difficile d’imaginer que le BN remette en cause l’attitude de la 1er Secrétaire. Coup de massue supplémentaire, Aubry a sorti un sondage réalisé à sa demande par le parti qui montre qu’en cas de duel Frêche / Andrieu, ce dernier devance largement le premier. C’est dire que Martine suit le dossier languedocien et qu’elle ne reculera pas. Par ailleurs, On ne voit pas quel membre du BN va prendre la défense de Frêche. Même Royal (qui a demandé l’exclusion de Frêche en son temps…) joue pour l’instant les abonnés absents, annulant d’ailleurs sa présence dimanche à Montpellier et c’est peu dire qu’elle doit regretter que sa fête de la fraternité du 19 ait lieu dans la même ville… dans des locaux prêtés par la mairie de Montpellier plutôt qu’au Zénith, propriété de l’agglo ….
Ceux qui croyaient que, sous la pression de Robert Navarro et de l’immensément célèbre Alain Bertrand, Aubry allait lâcher en sont pour leurs frais. Notre « Raymond Domenech » local n’aura même pas droit aux barrages ! On ne peut pas dire que l’on n’avait pas prévenu du résultat (voir nos posts précédents). Lors de la réunion, deux présidents de conseils généraux ont pris leurs distances avec la ligne Navarro, il s’agit d’André Vézinhet et du président du conseil général de l’Aude, Marcel Raynaud. Toute la stratégie de l’équipe Frêche vient de s’effondrer, et avec elle, c’est la candidature Bertrand qui vient de prendre du plomb dans l’aile. En effet, si Frêche ne peut être candidat, il va maintenant falloir expliquer l’intérêt de la candidature Bertrand, élu du plus petit département de la région et soutenu par une fédération de moins de 300 adhérents… C’est donc Eric Andrieu qui tire les marrons du feu. Si l’on reste dans la situation actuelle, sa candidature prend une nouvelle tournure. Il apparaît en effet que la situation audoise est plus favorable au PS et qu’il peut par ailleurs bénéficier de son investissement lors de la campagne des Européennes.
Bref, pour Mandroux, il est clair désormais que c’est le système Frêche qui vacille, du fait de ses erreurs stratégiques perceptibles depuis quelques semaines. D’où la possibilité pour la maire de Montpellier de faire bouger ces pions, comptant notamment sur la nature humaine, c’est-à-dire le probable retournement de vestes de quelques-uns…
Il reste aujourd’hui à savoir comment les soutiens de Georges Frêche vont réagir à ces retournements locaux et nationaux ? La première stratégie est de garder sous le boisseau l’info. C’est raté… Et on cogite fortement dans les hautes sphères du conseil régional et dans les bureaux de la fédération de l’Hérault. Vu que la clôture des candidatures est pour le 14 septembre, on peut imaginer que le Week-end va être chargé en conciliabules. Les options ne sont pas légion. Tout dépend de l’attitude de Frêche et de son positionnement par rapport à la direction nationale du PS. Plusieurs options s’offrent désormais :
- Les Fréchistes renversent la situation au Bureau national, comptant sur le débat actuel sur les fraudes. L’hypothèse est quand même improbable, peu de dirigeants ont aujourd’hui envie de triturer les plaies… Par ailleurs, on ne voit pas qui est prêt à monter au créneau pour Frêche au BN.
- Georges Frêche lâche l’éponge et annonce son retrait. L’hypothèse apparaissait hautement improbable il y a quelques jours, mais le contexte à changé. Si cette solution se dessine, faut-il encore désigner un successeur… Rien de simple. Soit tout le monde fait campagne pour Bertrand, sa candidature permettant de neutraliser des appétits divergents, dans l’Hérault ou dans les PO. Soit on envoie Bertrand aux champignons, et on cherche un nouveau leader. Et là, c’est pas simple, le choix entre Bourquin, Navarro voire Allary….
- - Georges Frêche ne lâche rien et part sans le PS. Bref, c’est la scission. Jouant le tout pour le tout, il part au combat pour s’imposer entre les deux tours. Il reste alors à mesurer ce que vont être les attitudes de ces soutiens au sein du PS. Franchiront-ils le pas aussi en quittant le parti ? Là est la question… S’ils le font, c’est l’exclusion à la clef, bref, la perte de contrôle des fédérations concernées. La deuxième option est de faire une liste PS et une campagne a minima pour laisser Frêche s’envoler et se rallier à lui entre les deux tours. Le risque est une réaction à la fois des militants et du national, ce dernier pouvant très bien mettre sous tutelle les fédérations qui optent pour cette stratégie.
Côté Mandroux, contrairement à ce qu’écrit la Gazette cette semaine, la situation est forcément gagnante. Si Frêche lui lâche l’agglo, elle la récupère. Le coup est d’autant plus intéressant que le futur projet de loi sur les collectivités prévoit clairement d’affirmer encore plus les compétences et pouvoirs de l’intercommunalité, alors que Montpellier n’est pas prévue comme l’une des premières métropoles. Si Frêche ne lui lâche pas l’agglo, elle joue Andrieu et se rallie à la position d’Aubry qui n’accepte plus, comme dans le passé, laisser faire sans réagir les pratiques locales… À terme, elle récupère l’agglo de toute façon !
Pour conclure, Frêche est dans une des passes les plus difficiles de sa carrière et tout le monde, au PS, va devoir choisir son camp d’ici le 14. Rien n’est joué, mais tout cela va être très compliqué à gérer…