Tribune libre : Union des droites contre Bloc des gauches
Une tribune libre d'un de nos camarades :
"Parmi les circonscriptions les plus en vue dans l’optique de triangulaires UMP/FN/PS, beaucoup se retrouvent dans le Sud de la France, des Pyrénées-Orientales au Vaucluse. En effet, c’est là où semble-t-il, les apprentis sorciers font leur cuisine interne.
Le retrait du maire des Saintes-Maries-de-la-Mer, Roland Chassain, de la XVIème circonscription des Bouches-du-Rhône a pour but avoué de faire « barrage » à Michel Vauzelle, député sortant et Président de la Région PACA.
La porosité entre FN et UMP en Petite Camargue ne semble pas un mythe (coeff. F Saumade « Race régionale, identité nationale. Pour une ethnologie des comportements électoraux », Terrain, 1996, n° 27, pp. 101-114.). C’est d’ailleurs avec un langage particulièrement châtié que Chassain explique sa décision : "J'ai dit tout haut ce que les Français pensent. J'ai eu les couilles de le faire et je suis fier d'avoir lancé ce débat pour décomplexer la droite. Marine Le Pen, ce n'est pas Jean-Marie Le Pen, il faut dialoguer. Et puis des députés FN à l'Assemblée, il y en a déjà eu".
Acte isolé, accords locaux ou laboratoire national ? Là est la question. Coppé en demandant son exclusion de l’UMP tente d’y répondre nationalement. Sur le « terrain », comme toujours la réponse est moins duale.
Le vrai-faux désistement d’Etienne Mourrut, maire du Grau du Roi, sur la IIème circonscription du Gard est un élément de réflexion intéressant. Dans cette Petite Camargue où dès 1989, le FN a conquis une municipalité, celle de Saint-Gilles, les clivages entre droite nationale et droite républicaine sont depuis longtemps peu visibles et donc les transferts de voix relativement aisés.
C’est d’ailleurs plus sans doute l’annonce prématurée de son retrait par Gilles Caïtucoli, du candidat FN sur la IIIème circonscription du Gard au profit du candidat UMP, Jean-Marc Roubaud qui a fait échoué le « pacte gardois ».
Très concrètement, le « pacte de Marine » du 1 pour 1 a très bien fonctionné sur les rives de la Méditerranée. Le retrait sur la XVIème circonscription des Bouches-du-Rhône est compensé par celui sur la IIème circonscription des Pyrénées-Orientales, où Irina Kortanek ne dépose sans candidature sur ordre de la direction du FN.
Ces accords donnent un air d’Union des droites contre Bloc des gauches à ces législatives. Le retrait de la candidature de Martine Furioli-Beaunier sur la Vème circonscription du Vaucluse "pour faire barrage à la gauche", décision condamnée "de la manière la plus ferme" par la direction du FN, s’inscrit sans doute dans ce climat très année 30, d’entente méditerranéenne.
La décision de Catherine Arkilovitch de se maintenir dans la IIIème circonscription du Vaucluse contre l’avis de la direction du PS et de son propre suppléant s’inscrit également dans ce climat. Catherine Arkilovitch ne paraît pas d’ailleurs avoir d’états d’âme par rapport à Roland Davau, « Nous sommes allés déposer mardi matin notre candidature tous les deux pour le deuxième tour. Ensuite, nous avons déjeuné ensemble et il ne m'a rien dit. A aucun moment, il n'a eu le courage de m'appeler pour me le dire … (il est) « sans-couille » ». Catherine Arkilovitch comme Martine Furioli-Beaunier s’inscrit dans un affrontement dual "on va continuer parce qu'on porte une candidature digne. Eux (son suppléant Roland Davau et les socialistes ayant appelé à voter UMP), ce sont 'les gens de la honte'".
Face aux « couilles », l’espoir d’un front républicain semble mort-né. Déjà, l’an dernier lors du deuxième tour des cantonales, rares sont les élus de l’UMP à avoir appelé à voter pour le « candidat républicain ».
A la différence de la séquence « cartelliste » de Jacques Blanc (coeff. Ph. Secondy, « Alliance droite-FN dans le laboratoire languedocien : le cas de Jacques Blanc à la tête de la région (1986-2004) », Revue politique et parlementaire, 1040, 2006, p. 97-109), ce nouvel épisode semble encore plus préoccupant en Languedoc-Roussillon où la droite parlementaire se dissout peu à peu dans la droite nationale.
Après le 18 juin, il y a beaucoup à parier que l’Union des droites soit la réponse des édiles languedociens pour préparer les municipales de 2014. Le 17 juin ne leur servant que pour marquer leur rapport de force interne, ce qui paradoxalement est la chance des candidats du Bloc des gauches."