Quel avenir pour la justice ?
On ne va pas refaire l'affaire DSK... Cela commence à être l'overdose médiatique. Ceci étant dit, un point qui n'a pas reçu beaucoup de développements. On a beaucoup tapé, à tort ou à raison sur le mode de fonctionnement de la justice américaine. Je ne rentrerai pas dans ces débats. Ceci étant dit, il serait bon quand même de rappeler que ce que propose, dans le cadre de la réforme de la justice, le gouvernement, c'est pour une grande partie ce modèle de Justice.
La montée en puissance du parquet (dépendant de la chancellerie), la marginalisation voire la suppression du juge d'instruction. Voilà qui nous rapproche de la situation américaine même si des différences notables existent (procureur souvent élu aux USA, protection de la présomption d'innocence en France, mais aussi une indépendance du parquet qui n'existe pas en France). Or, ces projets de réforme posent toute une série de questions. La première est l'équilibre entre les parties. Jusqu'alors, le système français était basé sur un juge d'instruction instruisant à charge et à décharge. Dans le modèle US, le rôle du procureur est d'instruire à charge. En contre-partie , les avocats assument souvent une contre-enquête. Ceci étant, il est clair - et c'est quand même le coeur du débat - que tout le monde n'a pas forcément les moyens de se payer de grands cabinets d'avocats ayant la capacité de lancer des enquêteurs. Je serai intéressé de savoir ce que va coûter la défense de DSK. Sûrement un bras !
Enfin, ne soyons pas naifs. Quand un procureur n'instruit qu'à charge, il y a de fortes chances que médiatiquement, même en France, cela mette à mal la présomption d'innocence. On ne peut pas occulter que le modèle français est plus que perfectible (notamment sur les affaires sensibles, mais aussi sur la question de la détention préventive par ex.), mais de là à opter pour le modèle US....