Rénovons le PS en Languedoc

Montpellier, chronique d"une débacle annoncée

Depuis hier soir, le PS a officiellement perdu Montpellier, conquise par G. Frêche en 1977. Ce qui est devenu un bastion de la gauche vient donc d'échapper au parti. Il est temps de se questionner sur une défaite qui n'était pas annoncée.

 

Bien évidemment, l'absence de ligne du gouvernement, son incapacité à relancer l'économie et donc à baisser le chômage ne sont pas pour rien dans une abstention qui concerne d'abord l'électorat de gauche en général et l'électorat populaire en particulier. On sentait monter depuis des mois ce sentiment de déception d'un électorat d'autant plus démotivé qu'il avait d'abord voté pour sortir Sarkozy plutôt que par conviction socialiste. Rien d'étonnant, à ce que l'on reçoive, lors de ces premières élections intermédiaires, un gros coup de bâton.

 

Mais, ce serait quand même très réducteur de réduire cette défaite à des causes seulement nationales. On a quand même perdu, vu la sociologie de la ville, une élection imperdable. Il faut donc nécessairement se poser la question de l'efficacité que nous avons pu mettre en oeuvre dans ces élections municipales. Dès le départ, la situation a été mal engagée. Le fait de ne pas avoir permis aux militants de choisir le mode de primaires a amené à ce qui devait arriver : l'incapacité des candidats à se mettre d'accord sur une option. Résultat des courses, un choix de primaires contesté, avec, double peine, un débat sans fin sur la validité du fichier électoral. Une fois le choix des primaires fermées fait, la candidature Moure finit par s'imposer. Ce choix fut d'abord celui des principaux cadres du PS de la ville. Pour certains, c'était le choix le plus légitime, Moure présidant l'agglo. Pour d'autres, ce choix était plus subtil. Il s'agissait de choisir un candidat susceptible de ne pas être réinvesti en 2020. Résultat des courses, Moure l'emporta face à un Michael Delafosse dont la principale erreur fut de ne pas avoir su organiser ses soutiens sur la ville avant cette échéance.

 

Cette étape passée, la campagne pouvait débuter. C'est toujours plus facile à analyser à posteriori, mais plusieurs erreurs ont été commises. La plus essentielle a été de perpétuer un référentiel unique, celui mobilisé par G. Frêche. Or, sans la présence de ce dernier, ce modèle a tourné à vide. N'est pas Frêche qui veut... Deuxième erreur, beaucoup ont pensé que la campagne était gagné avant d'être commencée. Troisième erreur, avoir sous estimé Philippe Saurel, qui, quoi que l'on en dise, a su faire une campagne qui correspondait à un certain nombre d'attentes de l'électorat, notamment le notre : le rejet d'un système sclérosé et clientéliste, la volonté de changement, etc...  Quatrième erreur, ne pas avoir tenu compte des messages d'avertissement venus de la base. Résultat des courses, la dynamique Saurel n'a pas été anticipée. Au contraire, beaucoup voyaient avec misérabilisme cette "aventure personnelle". Ce fut donc avec retard que la poussée Saurel fut mesurée. Et, pire que tout, cette démarche a été mal interprétée. Les attaques ont porté sur sa supposée alliance à droite. Résultat des courses, Saurel a fait le choix de ne s'allier à personne, désarçonnant le PS qui ne savait plus quel angle choisir pour l'attaquer et Domergue qui ne s'est pas remis d'avoir été éconduit... Bilan des courses, Saurel met dix points dans les dents à Moure entre les deux tours et remporte le match.

 

Une fois cette élection passée, il va quand même falloir se poser la question de la responsabilité collective de cet échec. Moure a fait sa part d'erreurs, lui et son propre entourage. Mais ce serait cruel de lui envoyer la totalité des causes de cette défaite. De la fédération aux élus de la ville et de l'agglo, sans oublier la technostructure, chacun doit prendre sa part. Plus globalement, le parti doit par ailleurs poser un débat de fond : comment le parti peut-il ressourcer sa légitimité auprès de son électorat sans jouer de clientélisme ou de ses ressources institutionnelles ? Un débat d'autant plus fondamental qu'à la vitesse à laquelle nous perdons nos collectivités territoriales, il faudra bien trouver d'autres leviers pour trouver un écho dans notre électorat !

 

 

 

 



31/03/2014
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