Les Européennes, quelques réflexions sur le Manifesto…
C’est peu dire que le programme européen du PSE a peu intéressé les médias. C’est devenu le serpent qui se mord la queue. Les journalistes maîtrisent peu les enjeux européens, les couvrent peu et finalement reprochent aux partis - qui ne s’y intéressent pas tellement plus pour être honnêtes - d’être les seuls responsables de la situation. Merci pour nous. IL est toujours cruel de demander à un journaliste quelle directive est en cours de débat au Parlement européen. … Succès garanti…
L’enjeu du Manifesto, c’est de poser les jalons d’une construction politique de l’Europe. L’Europe ne pourra progresser que dans la mesure où l’on sera en mesure de construire un intérêt du citoyen pour l’Europe. Force est de constater qu’aujourd’hui le problème reste entier. L’une des causes en est l’attitude des partis politiques et Etats nationaux qui restent centrés sur leurs préoccupations nationales. On s’est contenté de s’appuyer sur les démarches institutionnelles de l’Europe en matière de construction d’une citoyenneté européenne. Résultat : c’est un bide total. La campagne de 2005 a été de ce point de vue une caricature. Face à un discours institutionnel et moralisateur, voire péjoratif pour ceux qui voulaient porter des projets alternatifs, le vote a été sans appel. On comprend mieux pourquoi la plupart des pays européens ont choisi de ne pas donner la parole au peuple…
Au final, le résultat est catastrophique pour ceux qui portent l’idée que l’Europe peut être un avenir politique. Dans cette perspective, l’idée du Manifesto est de placer le citoyen au centre du projet européen, pour poser la nécessité d’un embryon de politique sociale commune, une politique en faveur de l’emploi et de garanties pour les salariés, une politique keynésienne digne de ce nom… Pour le catalogue, je vous renvoie au Manifesto lui-même. Alors, on me dira, c’est bien tout cela, mais ce n’est pas suffisant et c’est un cautère sur une jambe de bois. Oui, c’est vrai, on pourrait attendre plus d’un projet du PSE. Pour ma part, je suis convaincu qu’il nous faut un projet véritablement fédéraliste, la seule manière de construire politiquement l’Europe. On en est loin… Mais il faut bien commencer quelque part… Cela nécessitera que le PSE se donne une cohérence politique qu’il n’a pas aujourd’hui (voir l’attitude de Brown par rapport à Baroso). La route sera longue, mais ces étapes sont fondamentales pour l’avenir de l’Europe et surtout de ces citoyens… C’est la seule manière de toute façon de dépasser les clivages que nous avons pu avoir en interne sur le Traité constitutionnel..