Dure journée pour les frêchistes !
Il y a
des jours où tout va mal… Pas de bol, malgré les trémolos de Collomb (désormais
surnommé « le petit colon »), les bombages de torses, les candidats
PS sur la liste Frêche ont été exclus du parti, en application des statuts.
Pour tout dire, on ne voit pas comment il aurait pu en être autrement. Soit on
appliquait les statuts, soit le PS revenait à ses vieux démons, la
non-décision, situation que les Verts ou le Front de Gauche auraient bien su
instrumenter.
Non, le
PS a tout simplement appliqué ses statuts (Art 11). Comme toute exclusion, elle
dure deux ans. Au bout des deux ans, la réintégration a éventuellement lieu.
Autant dire que rien n’est automatique. G. Frêche est bien placé pour en
parler, lui qui est exclu depuis 3 ans….
La
stratégie de Bourquin qui consiste à dire qu’il ne s’agit que d’une suspension,
ce n’est évidemment que du vent.
Il est
aussi important de s’interroger sur les quelques oppositions à la ligne Aubry.
Collomb, Rebsamen et quelques autres sont montés au créneau. Pourquoi ?
Une des raisons est dans le
communiqué paru hier dans Libération :
« Libération du 23/2/2010
Faire
converger la gauche
La
gauche et singulièrement les socialistes doivent être les artisans d’une vaste
coalition de progrès. L’heure n’est pas à la division, à la collection
narcissique des différences et encore moins au sectarisme. Nous aurons à faire
des choix qui marqueront notre véritable entrée dans le XXIe siècle. Nous
n’avons pas à traverser une mer calme ; les vents sont contraires, souvent
violents et des économies entières et même des Etats menacent déjà de faire
naufrage. Le monde globalisé est une addition de mondes fragmentés. Le fiasco
de Copenhague est symptomatique des limites de la gouvernance du monde.
Comme
toujours dans ces périodes d’épreuves, il faudra faire l’inventaire du
principal et de l’accessoire. Que ce soit sur la question essentielle du
maintien des retraites, de l’emploi et de la formation, du droit des salariés à
un patrimoine, du droit à l’éducation et de l’accès aux soins pour tous, de la
prise en charge du grand âge comme de la sauvegarde de notre environnement, les
défis à relever sont connus et immenses. Seule une puissante et large majorité
politique pourra les relever. Si des adaptations de notre système social sont à
accomplir, ce ne peut être que pour l’améliorer. On ne sauvegarde pas le
progrès au prix d’une régression marquée par la précarité des statuts et des
revenus. Une réforme fiscale ambitieuse et équitable devra garantir l’effort de
tous et d’abord de ceux qui peuvent le plus. La solidarité n’est pas une
punition. La mobilisation sociale exigée demandera une démocratie partagée. Une
nouvelle République, appelons-la VIe, doit mettre un terme à l’hyperprésidence
et instituer un véritable pouvoir parlementaire, donner enfin son indépendance
à la justice et traduire le pluralisme des médias dans les faits, associer
enfin les citoyens à la prise de décision publique.
Le
temps n’est plus aux pusillanimités politiciennes, ni aux jeux d’appareils
artificiels, ni aux polémiques dégradantes. Nous aurons besoin de l’énergie de
tous.
Il
faut s’unir ! Nous devons réfléchir et proposer, tous ensemble, enfin dégagés
des rapports de force qui n’ont rien à voir avec l’exercice de la pensée.
L’élection présidentielle de 2012 et l’élection législative doivent être
gagnées par tous ceux qui souhaitent réformer la société, la gauche, toute la
gauche, socialistes, radicaux, communistes, les écologistes, les démocrates du
centre et jusqu’à ceux pour qui le gaullisme signifie le refus de la soumission
de l’Etat aux intérêts particuliers. C’est la question démocratique qui
détermine les alliances, pas l’inverse. La question démocratique gouverne la
question sociale. Le dire ainsi rompt avec un confort du passé, devenu
conformisme. Les régionales doivent être le banc d’essai de cette convergence
pour que le rassemblement de toutes les forces au deuxième tour permette une
victoire qui en annonce d’autres.
Signataires
: Jacques Auxiette, Jean-Louis Bianco, Frédérique Bredin, Gérard Collomb,
Thierry Coursin, Marc Daunis, Jean-Yves Le Drian, Vincent Feltesse, Aurélie
Filippetti, Gaëtan Gorce, Jean-Pierre Masseret, Jean-Pierre Mignard, Jean-Jack
Queyranne, François Rebsamen, Thierry Repentin, Monique Saliou, Gilles Savary,
Jean-Marc Todeschini. »
On l’a
bien compris, c’est un appel à une coalition gauche-centre. Frêche étant dans
cette mouvance pro-Modem, on comprend mieux le sens des soutiens qu’il a pu
trouver. Derrière les grandes phrases, c’est le recentrage du parti qui est en
jeu dans ce débat. Frêche l’a expérimenté à Montpellier, éjectant les Verts
pour le Modem. Résultat, le Modem est moribond, les Verts en forme. Bref, c’est
le modèle du Radis que l’on nous propose, Rose dehors, blanc dedans… Derrière
le débat actuel, c’est la stratégie du prochain congrès qui se dessine. Mais
alors, pourquoi ne pas le dire clairement ?
Aubry n’a
pas tort quand, dans le Libé d’aujourd’hui elle nous dit « ce parti a
assez crevé des compromis et des magouilles »