Rénovons le PS en Languedoc

Tribune libre : L’arbre qui cache la forêt !

 

Tribune envoyée par Fabien Nicolas :

La victoire de l’UMP lors de l’élection partielle de la 6ème circonscription de l’Hérault n’est pas, selon la presse nationale et locale, une surprise. Ainsi à lire le Canard enchaîné, Jean-Marc Ayrault avait anticipé et même expliqué la défaite « il y a certes eu une démobilisation manifeste des électeurs socialistes mais la participation est tellement faible qu’on ne peut en tirer des conclusions. D’autant que les trois circonscriptions en question sont nettement à droite ». En cela, il suit les analyses de Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, (www.parti-socialiste.fr/communiques/elections-legislatives-partielles) qui déclarait à Libération, « ceux qui parlent de revers cuisants exagèrent. Dans l’Hérault, certes nous avons avions une sortante, mais qui l’a emporté en juin dans une triangulaire par dix voix d’avance. C’était un miracle de la gagner ! Même en 1997, on l’avait pas eue, celle-là ! ».

Les causes de la défaite sont ainsi énoncées faible participation et circonscription de droite. Cette analyse globale a l’avantage de minimiser le contexte électoral, « en l’absence de consultations nationales, les élections législatives partielles sont souvent considérées par les observateurs comme des indicateurs du climat politique. Cependant, il existe fréquemment des différences significatives entre les résultats des élections législatives « normales » dans les circonscriptions où les élections partielles ont eu lieu. Ces différences sont-elles dues à des évolutions politiques entre la date des élections partielles et celle des élections nationales ou à la nature des consultations ? » (Pierre Martin, « Les Elections législatives partielles en France de 1973 à 1980 : mécanismes et enseignements », RFSP, 1981, vol. 31, n°3, pp. 535-562).

L’étude de Pierre Martin répond à cette question lancinante, en retenant comme indicateur les scores obtenus en pourcentage : « les élections législatives partielles sont plutôt le résultat du passé que l’annonce du futur. En effet, c’est lors des élections présidentielles et législatives (et européennes ?), en raison de l’intense mobilisation (campagne télévisée, enjeu de l’élection) que les électeurs fixent leur choix. C’est alors que l’opinion se polarise. (...) on obtient généralement une très grande stabilité ».

La victoire au 2ème tour du candidat de l’UMP avec 61,91 % (23,62 % des inscrits) confirme les résultats obtenus dès le 1er tour 42,61 % (17,39 % des inscrits). Des 7 candidats en lice au 1er tour, c’est le seul à avoir obtenu 12,5 % des inscrits, rendant de fait impossible toute triangulaire au 2ème tour.

L’évolution entre les 2 tours montre une baisse de la participation (- 1,43 %), des suffrages exprimés (- 2 300), une hausse des bulletins blanc ou nul (+ 1 064) ainsi qu’une progression du candidat des droites de 5 382 voix mais une perte de 4,75 % sur le report possible à l’issue du 1er tour (66,66%), celle-ci est-elle imputable à l’apparition de logos partisans ? Dolores Roqué, candidate de la gauche de Gouvernement progresse de 2 777 voix, 10,36 % et améliore le total gauche du 1er tour, et tout cela sans profession de foi. En l’absence des chiffres des « nouveaux électeurs d’entre-deux-tours», ces évolutions marquent une porosité tant des électeurs de gauche que de droite entre les différents candidats proposés. Même l’électorat FN, pourtant scruté avec précision et enraciné dans le Biterrois ne paraît pas si captif que cela.

Le premier enseignement de cette élection partielle est la grande stabilité de l’ordre électoral au 1er tour ainsi que du rapport de force politique au 2ème tour entre la gauche et la droite, plus ou moins 1,14 % en faveur des droites en dépit de la chute de participation (- 20,86 %) par rapport à juin.

Le second, liminaire du premier est celui d’une stabilité, plus ou moins grande, des votes en faveur des partis ou des candidats. Ainsi des 5 partis et 6 candidats présents aux deux scrutins, c’est Magali Planus (ECO) qui obtient la meilleure permanence 99,66 %, puis les candidats de l’UMP et du FN (88,87 % et 72,73 %), celui du Gouvernement, Dolores Roqué (66,67 %) et enfin celui de la gauche radicale (50,23 %). De fait, si la baisse de la participation semble avoir pénalisée plus les candidats de gauche que de droite, pourtant c’est la gauche radicale qui perd davantage que la gauche de gouvernement. Le vote de Dolores Roqué sur le traité budgétaire européen peut être un facteur explicatif de cette stabilité supérieure à gauche.

L’enjeu national de cette élection, rappelé par les chroniqueurs permet de relativiser le résultat biterrois : « Il (F. Hollande) en paye aujourd’hui le prix, brutalement. Dans les urnes et dans les sondages. Les trois élections législatives partielles que la droite vient de remporter dans l’Hérault (avec la défaite de la députée socialiste élue en juin), les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne en attestent dans les trois cas, en dépit de la bataille de chiffonniers entre M. Copé et M. Fillon pour la présidence du parti, l’UMP a progressé de 10 à 12 points, tandis que la gauche plafonnait dans l’Hérault et régressait de 8 points dans les Hauts-de-Seine et la Val-de-Marne » (G. Courtois, Le Monde).

De fait l’action locale, meetings de campagne, porte-à-porte militant et bilan du Député sortant, ne semblait pas pouvoir inversé la tendance nationale. Toutefois ce travail de terrain sans fioriture tout comme le bilan législatif de Dolores Roqué a permis de tenir la position, de « plafonner » et de comprendre qu’à Béziers ce n’est pas la politique du gouvernement qui est rejetée, mais les conditions de l‘élection qui changent.

Dans cette circonscription, jamais redécoupée depuis 1988, la gauche a connu toutes les situations, victoire en duel (1988), en triangulaire (1997 et juin 2012), défaite en duel (2007 et décembre 2012), en triangulaire (2002) et même élimination au premier tour (1993).

Cette élection partielle rompt avec la "tradition" de toujours désigner un candidat de la Majorité, tradition ignorée par Christophe Borgel dans ses déclarations afin de maximiser le cas local et minimiser le résultat national. À l'inverse, quel élu de la majorité de juin peut-il affirmer qu'en décembre son score n'aurait baissé que d'un point ?

« Résultat du passé » ou « annonce du futur », voilà le choix qui s’offre à la gauche biterroise dans son ensemble et aux socialistes en particulier pour lire cette défaite électorale. L’arbre de décembre doit-il cacher la forêt de juin ?



27/12/2012
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